Sophie Avon, critique libre et exigeante a rendu visite aux élèves de l’option cinéma.


Les projets d’année bouclés (Les films 2013 sont en ligne sur le blog), les derniers préparatifs pour le festival Lumières terminés, l’option cinéma de La Malgrange recevait le vendredi 31 mai sa première invitée;




Sophie Avon journaliste et critique de cinéma au journal Sud Ouest et à l’émission Le Masque et la Plume (France Inter) incontournable rendez-vous des amateurs du 7 ème Art et des critiques ciselées.

Mais attention ! Pas question d’accueillir notre invitée sans savoir qui elle est (S. Avon est aussi romancière), ni sans savoir comment elle aborde son travail de critique.

Au travail donc ! Deux séquences du mercredi passées à plancher sur des extraits du Masque et la Plume, sur des chroniques rédigées par Sophie Avon pour comprendre le travail et l’intention d’un critique lorsqu’il choisit de chroniquer un film.
Pour cela, les élèves se sont penchés sur la construction de deux critiques rédigées à la sortie en salle de The Place beyond the pines (Derek Cianfrance) et de Camille Claudel 1915 (Bruno Dumont).

Quelle entrée choisit-on pour aborder la critique d’un film (Scénaristique, génériques, esthétique ...) ?
A quel moment doit-on livrer l’appréciation finale ?
Comment ne pas raconter le film ?
Comment coller à cette idée simple qu’un critique doit donner envie d’aller au cinéma, même s’il n’a pas aimé le film qu’il est en train de chroniquer ?
Autant de questions qui seront abordées au moment de l’entretien.


Salle EO1, 31 mai, 14h30 : directe, précise, franche Sophie Avon se prend très vite au jeu des questions auxquelles elle prend le temps de répondre en affirmant ses exigences.


Par exemple sur le souci d’écrire pour être lue de la meilleure façon, d’avouer qu’on regrette parfois de ne pas pas avoir aimé un film.

Sophie Avon ajoutera aussi qu’elle écrit pour laisser le parfum d’un film, donc très vite après l’avoir vu, pour éviter la sédimentation, même s’il ne reste que deux images.

Elle insistera aussi sur la nécessité de se tourner vers la théorie pour comprendre les codes, situer une oeuvre dans un contexte, dans sa filiation.

Elle dira ne jamais lire les dossiers de presse avant les visionnages (Environ 7 projections par semaine).

Envisage-t-elle de passer derrière la caméra ?

Non car elle pense ne pas être capable de placer la caméra au bon endroit. En revanche la mise en scène (Théâtre) lui plairait.

A une question posée sur le fait de ne pas en dire trop de l’intrigue,

elle répondra qu’il est difficile de ne pas le faire quand un film repose seulement sur celle-ci ... Elle ajoutera d’ailleurs qu’une mise en scène doit rester effacée.

Sur la Palme d’or du festival de Cannes, La vie d’Adèle ( Elle en revenait juste ... ),

elle dira qu’il est des films évidence qui flottent au-dessus des autres. Il a filmé l’amour, comme les anglo-saxons ne savent pas le filmer ! Abdellatif kechiche appréciera.

Des réserves sur des films récents qui ont eu un succès populaire ?

Oui, elle pense que les réalisateurs y ont manqué d’exigence dans leur travail et pour le public, si bien que le sujet leur a parfois échappé.

Ces films sont nécessaires au cinéma français qui bénéficie d’un système unique au monde puisqu’une partie des recettes est redistribuée sous forme d’aide aux cinéastes qui prennent des risques. C’est l’exception culturelle française, le Cercle vertueux du cinéma français précise-t-elle.

Le film qu’elle aimerait revoir ?

La Maman et la Putain de Jean Eustache.

On revient sur le travail d’un critique,

celui-ci ne doit pas devenir le promoteur d’un film ... il doit montrer qu’un film est beau sans dire qu’il est beau. Il doit aussi se dire qu’un film est une mosaique, pour en comprendre le sens, il faut de la distance. Le regard du critique doit se situer de biais.
Critiquer une oeuvre c’est la faire exploser.

Sur le risque de surinterprétation,

et alors ? Il faut surinterpréter, quitte à se tromper. Le critique doit faire entendre ce que le cinéaste n’aurait pas voulu dire !
Mais enfin, vous savez, le meilleur critique, c’est le temps.

Sophie Avon est de ceux qui disent juste parce qu’ils parlent vrai !

17HOO : la séance se termine, on est nombreux à vouloir prolonger l’entretien et c’est ce que nous avons fait !





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